Gabriela Nguyen-Groza (AMROP) : Le candidat idéal : la dernière pièce du puzzle
Après une expérience comme entrepreneur, Gabriela Nguyen-Groza s’est installée au Luxembourg pour travailler dans le domaine du recrutement. Treize ans plus tard, elle a créé ‘Amrop Luxembourg’ afin de répondre à l’évolution des besoins en recrutement de ses clients, ciblant désormais des profils venant de l’étranger et disposant de solides capacités en leadership. Interview.
Pouvez-vous présenter AMROP en quelques mots ?
AMROP combine un réseau d’executive search et de conseil en leadership. Nous agissons comme « conseillers de confiance » pour les conseils d’administration et les comités de direction à travers 67 bureaux. Chaque pays est détenu et géré localement mais nous collaborons énormément au niveau international. Nous servons de grandes sociétés ainsi que des « mid caps » en recrutant à C-level et C-1. J’ai ouvert AMROP Luxembourg après avoir travaillé treize années au Grand-Duché dans le même secteur. Auparavant, j’avais assumé le rôle de country director à Paris pour une société de cosmétiques. Le bureau a été créé à un moment où le pays exprime un très fort besoin pour des profils qui n’existent pas à l’intérieur de nos frontières, notamment dans la finance, la tech ou l’industrie. Pour vous donner des exemples, j’ai récemment recruté le PDG d’une société d’énergie renouvelable. J’ai également trouvé deux membres du conseil d’administration pour une firme active dans le domaine des bitcoins. J’en ai trouvé un en Angleterre et l’autre aux Etats-Unis. Le Covid a montré que les compétences techniques ne sont pas les plus importantes. La différence se fait au niveau du leadership : s’intégrer, adhérer à la culture et surtout faire adhérer les autres.
« Les candidats ont besoin de liberté et de la reconnaissance de leurs objectifs personnel »
« Les candidats font leur "due diligence" sur l'entreprise. Ils peuvent obtenir n'importe quelle information en deux coups de fil»
Quelles sont les clés d’un bon recrutement ?
J’en citerais trois : la transparence, le respect des candidats et le respect du client. Au niveau de la transparence, je ne vends jamais la peau du loup qui se cache encore dans la forêt. Avant d’accepter toute mission, je présente le challenge que cela représente : tout d’abord le salaire ne constitue plus la raison principale d’un changement de poste. Les candidats sont sensibles non seulement au défi proposé et aux opportunités d’évolutions, mais aussi au branding de son nouvel employeur potentiel et à la réputation de l’équipe qu’il pourrait rejoindre. J’informe toujours les candidats du nom de la société qui recrute dès le début du processus et souvent, ils contactent des amis pour faire leur propre due diligence avant de poursuivre nos discussions. Trouver le bon candidat ne consiste plus à déplacer des gens de A à B et de B à A : je considère que ma mission revient à trouver la pièce manquante du puzzle qui permettra à la société et à ses équipes d’avancer dans les prochaines années. Dans le contexte actuel, je constate d’ailleurs qu’un mauvais leadership à C-level en temps de crise est encore plus destructeur.
Comment une société peut-elle améliorer le leadership à tous les niveaux ?
La réponse courte, c’est de créer de l’empathie à tous les niveaux. Lors de mes discussions avec des clients, je m’efforce de leur faire comprendre que le leadership n’est plus étroitement lié à la hiérarchie. Certains CEO se révèlent être de piètres leaders et j’ai souvent vu de simples employés fédérer une grande partie de l’entreprise autour d’eux : un leader inspire ses collègues pour qu’ils le suivent. D’ailleurs quand l’un d’eux s’en va, il emporte souvent une partie de son équipe avec lui. Le modèle d’entreprise paternaliste ne fonctionne plus. Les employés travaillent aujourd’hui pour un intérêt commun. Ils ont besoin de liberté et d’une reconnaissance leurs objectifs personnels. Dans ce contexte, beaucoup d’entreprises recherchent aujourd’hui le « candidat global », qui ne s’impose aucune limite dans sa tête ou géographiquement. Il travaille de n’importe où, fait preuve d’un sens des responsabilités aigu et d’un charisme ravageur apte à faire avancer une firme dans le même sens. A mes yeux, ma mission consiste à établir la confiance sur le long terme auprès des clients et des candidats pour permettre aux deux parties de se trouver et d’avancer. D’ailleurs les clients d’aujourd’hui deviennent souvent les candidats de demain et réciproquement.