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Ben Gulak :

Genius at work

En 2008, Ben Gulak a réussi à obtenir 1,25 million de dollars en 10 minutes dans l’émission « Dragon’s Den ». Il avait 19 ans. Mais ce n’était que le début de l’aventure.

 

Design & mécanique

Ben Gulak a déjà mis au point deux inventions sensationnelles : la Uno, une moto fonctionnant comme un Segway, mais où le conducteur fait envie et non pitié. Et le DTV Shredder alliant le côté ludique d’un surf à la puissance et la chenille d’une motoneige. Dans les deux cas, le génie du jeune entrepreneur a permis de créer des innovations totalement inédites, avec une forte touche de design qui n’aurait pas déplu à Steve Jobs, ni à James Dyson. Né au Canada, Ben est parti étudier l’art en Italie avant d’entamer ses études universitaires. Il hésite à poursuivre dans ce domaine avant d’opter pour la célèbre Université MIT de Boston, où il peut combiner sa passion pour la mécanique et sa sensibilité artistique. À l’âge de 18 ans, il imagine sa moto du XXIe siècle lors d’un voyage en Asie. Technologie, design, sécurité, Ben assure toute la conception, puis commande les différentes pièces et assemble un premier modèle à couper le souffle qui sera élu parmi les dix « Innovations de l’année 2008 » par le célèbre magazine Popular Science. Un bon début.

 

(Avant de poursuivre la lecture, nous vous conseillons d’aller visionner sur Youtube la vidéo de Ben lors de son passage dans l’émission Canadienne de Dragon’s Den. Mots clés : « Gulak + Dragons »).

 

Dragon’s Den

Le passage de Ben Gulak dans l’émission « Dragon’s Den » constitue l’une des plus belles levées de fonds réalisées par un entrepreneur aussi jeune. Les dangereux dragons acceptent collégialement d’investir 1,25 millions de dollars dans l’aventure, en échange de seulement 20 % de la société. Cela valorise la firme de Ben à 6,25 millions de dollars. Une performance rarissime. Mais la réalité est moins séduisante que la télé. En participant à l’émission, les entrepreneurs doivent signer un contrat draconien que l’on peut résumer ainsi : l’entrepreneur ne peut changer ses conditions, mais les Dragons, si. À cela s’ajoute l’interdiction de contacter les Dragons en direct. Bref, 2009 n’a certes pas été la meilleure année pour l’économie mondiale, mais cela n’excuse pas le fait que 8 mois plus tard, 4 des 5 Dragons se sont rétractés. Certes, l’émission donne à la Uno une visibilité mondiale, mais cela ne suffit pas à mettre le produit sur le marché. Le risque de copie devient d’ailleurs critique dans cette configuration.

 

Entrepreneur XXL

Rares sont les jeunes entrepreneurs qui virent leur CEO et remplacent leur conseil d’administration. Ben le fait. Car, pour lui, la Uno n’est pas une finalité. Il s’agit surtout de démontrer que l’on peut être « green » et « cool ». Il imagine très vite un deuxième produit que l’on peut décrire comme la fusion entre une planche de surf et la puissance d’une motoneige. À ses yeux, ce produit peut devenir une activité à part entière dont les meilleurs seraient départagés aux X Games, mais également un mode de déplacement pour les militaires ou certains professionnels, qui peuvent, au choix, se déplacer dessus ou l’utiliser comme système d’assistance pour transporter du matériel, un blessé ou des charges lourdes. Les bûcherons apprécieront. Ben identifie donc un marché à fort potentiel et il en parle au CEO qui dirige son entreprise. Le conseil d’administration finit par suivre ce dernier et oppose à Ben un refus. Grand moment de solitude. Il finance le début du développement lui-même avant de trouver des investisseurs. Echaudé par cet épisode, il change le CEO et son conseil d’administration avant de fusionner les deux sociétés en une seule. Les premiers DTV Shredder seront livrés en mai 2012.

 

Le cauchemar de la protection

Si vous voulez commander un DTV Shredder, vous pouvez le faire sur internet, mais prenez garde. Des sites chinois, qui n’ont aucun rapport avec Ben Gulak, proposent ainsi de vous livrer un exemplaire, en allant jusqu’à utiliser des photos volées sur le site officiel. Des batailles légales sont en préparation, mais on imagine facilement le coût de ce type de poursuites pour une jeune société. Et c’est sans doute le principal problème de Ben : s’il est le seul à être capable d’inventer de tels engins, les copieurs sont nombreux. Et contrairement à son modèle, Steve Jobs, Ben ne dispose pas encore de la capacité à lancer ses produits lors de messes stimulant des millions de commandes. Dans de telles conditions, on peut se demander s’il ne devrait pas laisser ses inventions dans l’ombre en attendant de disposer de la force de frappe commerciale nécessaire. L’avenir dira si sa stratégie est la bonne. Il semble toutefois serein : « Nous avons été en Chine pour voir à quoi ressemble les copies des DTV Shredder : c’est nul ».

 

Ethique & monétique

La fortune attendra donc encore un peu, mais il est clair que ce n’est pas le moteur du jeune entrepreneur. Ce qui le gêne pour l’instant : tant que la société ne vend pas de produits, elle est dépendante des investisseurs. Ben est dilué à chaque tour de table, et devrait encore avoir 25 % d’actions lors de la commercialisation des premiers DTV Shredder. Lorsqu’il voit la folie des applications iPhone, qui permet à des sociétés qui n’ont pas fait grand-chose, d’être valorisées à 50 millions de dollars, il reste zen : « J’aime être exposé à de nouvelles idées, afin de garder la grande image en tête. Mais pour moi, l’essentiel est de rester fidèle à mes racines : développer des produits aussi beaux que des œuvres d’art ».

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