François Tesch (Groupe Foyer) : partage d’expériences
Groupe Foyer fête ses 100 ans. Une interview de François Tesch, Président du Conseil d’administration et actif dans la société depuis 30 ans après quelques années aux Etats-Unis.
Quelles leçons tirez-vous d’un siècle d’activité ?
Groupe Foyer fête ses 100 ans, mais je l’ai rejoint en 1983. Je peux donc partager 40 années d’expérience, le reste relevant de témoignages et de souvenirs. Je n’ai aucune leçon à donner, car chaque situation est différente. A titre personnel, trois principales instances m’ont marqué : tout d’abord mon expérience américaine. Après une business school outre-Atlantique, j’ai travaillé 6 années là-bas où j’ai appris à tout remettre en question, à retourner chaque pierre, à chiffrer tout en intégrant beaucoup de rigueur dans la gestion. Cela n’enlève rien aux méthodes européennes – plus intuitives – mais cette expérience a clairement influencé ma carrière. Ensuite, l’un des moments clés de mes trente années ici a été, d’une certaine façon, la vente de Foyer Belgique en 1990. Nous n’avions que 2% du marché belge et le fruit de cette vente nous a permis de réinvestir avec Gaston Schwertzer et André Elvinger dans BIL-Participations, qui est devenue Luxempart. Aujourd’hui, ce second pilier du Groupe représente presque la moitié de ses actifs. Enfin, je pense que des moments difficiles comme en 1999, lorsque le rachat de la participation de la Guardian Royal Exchance, actionnaire de Foyer Finance qui a failli nous faire basculer dans un grand groupe français, ont positivement influencé la culture de notre Groupe. Le plus grand danger survient lorsque tout va bien et que nous croyons que la vie est facile.
« Le plus grand danger survient quand tout va bien et que nous croyons que la vie est facile. », François Tesch
Comment parvenez-nous à établir une forte culture d’entreprise ?
Cela passe par trois niveaux distincts. D’abord les fondamentaux : s’entourer de personnes compétentes, qui aiment ce qu’elles font, connaître nos forces et nos faiblesses en évitant de nous croire omniscients et nous concentrer sur les projets où nous pouvons figurer parmi les leaders. A un deuxième niveau, la culture d’entreprise est partagée avec une approche très ouverte. J’ai horreur des jeux politiques. Je dis les choses comme je les sens et j’attends la même chose de mes collaborateurs. Marc Lauer et John Penning, respectivement en charge de l’assurance et de Luxempart, montrent l’exemple dans ce domaine et je pense que toutes nos équipes sont alignées sur cette approche efficace. La transparence et l’excellence tirent tout le monde vers le haut. Nous organisons également des programmes pour partager notre culture avec l’ensemble de nos équipes. Je pense notamment au programme « ELAN » qui a permis d’augmenter considérablement l’autonomie et la capacité de résolution de problèmes à tous les étages. Et je pense enfin que dans une société familiale, la culture d’entreprise est étroitement liée avec une bonne gouvernance. Nous avions la rigueur d’une société cotée avant d’être listés et notre succès tient à la qualité des personnes présentes dans nos Conseils d’administration. Nous attirons des experts aux compétentes diverses, plutôt que des personnes faisant simplement partie de la famille.
Comment imaginez-vous le Groupe Foyer dans 10 ans ?
Je pense qu’il sera toujours un groupe financier important. Le métier de l’assurance va certainement évoluer. La digitalisation va améliorer les services et réduire les coûts, mais le grand changement à venir concerne l’exploitation des bases de données. Nous disposons d’outils de plus en plus granulaires pour répondre aux risques d’aujourd’hui grâce à un meilleur éclairage sur le passé. L’innovation fait partie de nos valeurs et de notre stratégie. Nous disposons peut-être de moyens inférieurs à certains grands groupes internationaux, mais nous avons créé notre propre « Hub Innovation » ; nous sommes proches des insurtechs - via nos partenariats avec la LHoFT, la House of Startups ou Plug & Play – et nous n’hésiterons pas à investir si des opportunités se présentent. Je suis un optimiste. Je crois en l’avenir de l’Europe. Aussi longtemps que nous innovons et que nous gardons un esprit entrepreneur, notre avenir est assuré.