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Julie Becker (Luxembourg Stock Exchange)  : S'adapter aux évolutions du marché 

Avec une histoire s'étalant sur plus de neuf décennies, la LuxSE se présente comme un hybride unique de propriété privée et publique, se positionnant en tant qu'acteur clé du secteur financier florissant du Luxembourg. Becker dévoile le rôle central de la LuxSE dans la finance durable, mettant en lumière ses initiatives et les effets transformateurs sur le paysage financier national. 

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Pouvez-vous présenter la Bourse de Luxembourg en quelques mots ? 

La Bourse de Luxembourg, ou LuxSE, possède une riche histoire de plus de 90 ans. Sa particularité réside dans son statut d'entreprise à la fois privée, détenue en partie par l'État luxembourgeois et par les principales banques du centre financier du Luxembourg, ainsi que par divers actionnaires corporatifs et individuels.  Cette singularité nous confère une position unique au cœur du secteur financier dynamique et florissant du Luxembourg.   

 

Comptant environ 140 employés et une forte présence internationale, LuxSE demeure la première plateforme de cotation pour les titres de créance internationaux, totalisant actuellement 42 000 valeurs cotées de 1 800 émetteurs répartis dans 100 pays. 

Opérant deux marchés, à savoir le marché réglementé par l'UE (BdL) et l'Euro MTF réglementé par la bourse, LuxSE propose une gamme complète de services de données et d'informations associés à nos activités de cotation et de marché.  

 

Cependant, notre reconnaissance la plus marquante découle de notre rôle précurseur dans le domaine de la finance durable. En créant la Luxembourg Green Exchange en 2016, nous avons été régulièrement salués pour notre contribution à l'accélération du financement du développement durable à l'échelle mondiale. En outre, nous nous attaquons activement aux obstacles majeurs entravant l'intégration de la finance durable, notamment l'éducation, la disponibilité des données et l'accès aux marchés financiers. En parallèle, nous sommes des acteurs engagés dans la transformation numérique des marchés financiers et soutenons activement les évolutions dans le domaine des technologies de registres distribués (DLT). 

 

"La finance durable est une réalité pérenne, et le Luxembourg, via LuxSE, en a été un pionnier."  

 

Comment la finance durable impacte-t-elle le Luxembourg ? 

 

Au Luxembourg, la finance durable, impliquant l'orientation des financements vers des projets ayant un impact positif sur l'environnement et la société, demeure une priorité. En 2020, le pays s'est distingué en devenant le premier en Europe à lancer une obligation durable d'une valeur de 1,5 milliard d'euros, finançant ainsi divers projets locaux bénéficiant à la population, tels que Luxtram et le logement social. 

 

 Cette émission d'obligations n'est qu'une facette de l'engagement du centre financier luxembourgeois dans le domaine de la finance durable. La BEI, très active dans ce domaine, a émis la première obligation verte au monde, au Luxembourg en 2007, tandis que les efforts déployés par LuxFLAG et LSFI illustrent la contribution du pays à la promotion de la finance durable, impactant bien au-delà de ses frontières. L'élan a commencé avec la microfinance et l'introduction du label LuxFLAG pour la microfinance en 2006. Aujourd'hui, près d'un tiers des véhicules d'investissement en microfinance, favorisant l'inclusion financière, sont domiciliés au Luxembourg.  

 

La finance durable a eu et continuera d'avoir un impact significatif sur le centre financier luxembourgeois, englobant l'industrie des fonds, les institutions bancaires et les marchés de capitaux. Ils sont tous concernés par de nouvelles réglementations telles que le Règlement sur la divulgation en matière de finance durable (SFDR) et la Directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD), pour n'en citer que quelques-unes. La finance durable s'installe définitivement comme un pilier incontournable de ce domaine financier. 

Quels sont les risques et opportunités que vous identifiez ?

 

Christine Lagarde encapsule parfaitement ces enjeux sous les 3 "D" : la déglobalisation, la démographie - englobant le numérique - et la décarbonisation. Les marchés financiers étant intrinsèquement mondiaux, les secousses financières dans une région du monde peuvent se propager ailleurs, accentuées par des tensions géopolitiques ou des conflits, influençant ainsi l'agenda politique et financier. Les prochaines élections de 2024,  que ce soit aux États-Unis ou en Europe, pourraient également générer des répercussions substantielles. 

 

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Avec une inflation record et une rapide augmentation des taux d'intérêt, le paysage du marché a considérablement évolué au cours des deux dernières années, impactant également le Luxembourg. Cette conjoncture actuelle s'avère ardue pour les start-ups, nombreuses à éprouver des difficultés de financement, alors que l'ère de l'argent bon marché touche à sa fin. Il devient impératif de renforcer l'intégration des marchés de capitaux.  

 

Malgré cette nouvelle réalité, notre activité demeure stable. Nous nous concentrons sur notre rôle de partenaire stratégique pour nos émetteurs et nouveaux collaborateurs, les accompagnant dans la navigation des nouvelles dynamiques du marché.  

 

Le changement n'évolue pas aussi rapidement que nécessaire, mais fort heureusement, des opportunités foisonnent. Nous devons surmonter les obstacles et nous adapter. L'Union européenne a tracé un ambitieux agenda vert et numérique auquel nous sommes bien positionnés pour apporter une contribution significative. Par ailleurs, de nouvelles opportunités se profilent en dehors de notre champ d'activité traditionnel, que nous explorerons en 2024. 

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