Pierre Gramegna (Ministre des Finances) : Le succès du Luxembourg pour attirer les entreprises du Private Equity
Selon Pierre Gramegna, Ministre luxembourgeois des Finances, la décision de la Grande-Bretagne de quitter l’Union Européenne a provoqué un afflux de sociétés du Private Equity vers le Luxembourg, démontrant ainsi la réussite du gouvernement à maintenir l’attractivité du pays.
Dans un contexte concurrentiel de plus en plus tendu, comment le Luxembourg peut-il renforcer son attractivité dans le secteur financier ?
Indépendamment du Brexit, les groupes financiers considèrent le Luxembourg comme l’un des meilleurs endroits pour les services financiers. Dans une publication récente, le U.S. News & World Report classe le Grand-Duché comme étant le pays le plus ouvert aux affaires, attestant de la compétitivité de notre système et de l’accueil fait aux entreprises - la raison pour laquelle notre secteur financier continue de croître, y compris comme plaque tournante du Private Equity (PE). Notre croissance économique de 3,5% en moyenne par an, au cours des cinq dernières années reste forte pour une économie mature et un secteur financier développé. Mais, il s’agit seulement d’un peu moins du double de la croissance moyenne de l’UE, un taux non excessif.
« Les groupes financiers considèrent le Luxembourg comme l’un des meilleurs endroits pour les services financiers. »
Quels sont vos objectifs concernant le secteur financier au cours de votre deuxième mandat ?
Une partie de notre promesse consiste à maintenir le triple A du Luxembourg, cela consolide la confiance des institutions financières et encourage l'implantation de leur siège européen ou de leurs investissements dans le pays. Nous voyons trois opportunités pour le développement de la place financière. La première reste un secteur financier plus durable. Le financement de l'économie verte demeure la priorité des initiatives législatives et commerciales. Nous déploierons notre feuille de route pour la finance durable afin de créer des institutions et des infrastructures stables ; celles-ci nous permettront de nous mesurer à d'autres pays. Nous pouvons nous appuyer sur des succès récents comme le Luxembourg Green Exchange, le développement de la plate-forme de la BEI Luxembourg Climate Finance pour les investissements verts - dans laquelle le gouvernement prend le risque initial comme partenaire junior - et également l'International Climate Finance Accelerator pour encourager les gestionnaires d'actifs à créer des fonds verts. Enfin, avec LuxFLAG, nous sommes pionniers dans le domaine de l'étiquetage des produits verts avec un programme de financement sur trois ans. La deuxième opportunité consiste à encourager la Fintech, en particulier la transformation numérique et l'intelligence artificielle. Le Luxembourg House of Financial Technology (LHoFT) est déjà plein à craquer, démontrant le succès de notre attractivité à l’international : les innovateurs affluent d'Europe et d'ailleurs, choisissant le Luxembourg comme leur portail sur le marché intérieur européen. Enfin, le Brexit révèle la compétitivité de notre écosystème aux yeux du secteur du PE et nous encourageons la LPEA à rejoindre le ministère des Finances afin d’examiner comment nous pouvons accroître notre appel et identifier les facteurs qui incitent les plus grandes sociétés de PE à s'installer au Grand-Duché.
Quelles évolutions futures voyez-vous pour le PE et le secteur financier luxembourgeois dans son ensemble ?
Peu de pays possède la longue tradition d'ouverture du Luxembourg donnant aux entreprises du PE la précieuse liberté d'entrer et de sortir en toute transparence et efficacité. Ayant réduit l'impôt des sociétés de 26 % à 25 %, notre régime fiscal reste attrayant. Les fondamentaux de longue date du régime fiscal luxembourgeois demeurent avantageux, malgré notre adhésion à l’accord sur l’érosion de la base d'imposition et transfert de bénéfices (BEPS) présentés par l'OCDE et le G20. Au départ, tout le monde craignait une baisse d’attractivité du Luxembourg, mais la mise en œuvre simultanée de cette base d'imposition plus large ne désavantage pas le Luxembourg, car elle se produit partout simultanément. Similairement, l’arrivée de la première directive européenne contre l'évasion fiscale et l'introduction de l'ATAD II l'année prochaine ne nous rendra pas moins compétitifs car elle s'appliquent également à l'ensemble de l'UE. Si les entreprises paient plus d'impôts à la suite de ces mesures, nous neutraliserons cette augmentation. Nous avons réduit le taux d'imposition deux ans auparavant, le faisant passer de 21 % à 18 %, en prévision de la mise en œuvre de BEPS. Avec la réduction de cette année, nous avons pris les devants. Nous ne pouvons pas continuer à réduire les impôts simplement car les entreprises protestent, elles devront payer plus, mais nous surveillerons la situation de près. Concernant le secteur du PE, notre programme de coalition prévoit une amélioration du régime fiscal pour les expatriés afin d’aider à attirer le PE et d’autres acteurs au Luxembourg.