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Rajaa Mekouar-Schneider (Présidente, LPEA) : Le Private Equity et le Family Office, des mondes convergents

Rajaa Mekouar-Schneider, présidente de la LPEA, revient sur les défis posés par la création et la gestion d´un Family Office, notamment destiné à investir dans le Private Equity (PE). Interview.

 

Pouvez-vous décrire votre rôle en quelques mots ?

 

Je m’occupe des intérêts d’un groupe d’entrepreneurs luxembourgeois chevronnés en tant que Portfolio Manager et Head of PE. Je préside aussi à titre honorifique la Luxembourg Private Equity et Venture Capital Association (LPEA), l’association de référence pour les investisseurs et les professionnels du PE au Luxembourg. Le fait marquant de ces dernières années concerne l´émergence rapide des Family Offices en tant qu´investisseurs dans l´industrie, aux côtés des fonds classiques d´investissement mais souvent aussi en se substituant à ces derniers. Ces Family Offices sont détenus par un entrepreneur ou une famille, aux origines souvent industrielles, et gèrent les intérêts financiers de ses actionnaires. Au Luxembourg, ils sont de plus en plus nombreux, ce qui explique le lancement en novembre 2018, par la LPEA, d´un Groupe qui leur est exclusivement réservé. Ils peuvent ainsi échanger confidentiellement tout en devenant membres de notre communauté. Nous en comptons 20 qui représentent 12 nationalités. Notre devise à la LPEA reste « matching talent with money » car le Luxembourg dispose des deux atouts mais il faut encore plus les connecter et les Family Offices sont des forces avec lesquelles il faut compter.

« Notre devise à la LPEA reste « matching talent with money » car le Luxembourg dispose de ses deux pré-requis mais il faut encore plus le communiquer et les aider à converger, les Family Offices étant partie prenante de cela. »

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Quels sont les défis liés à la création d’un Family Office ?

 

Plutôt que de « défis », il s´agit au départ de mesurer les raisons de la création d’une structure dédiée à gérer les intérêts de famille concernée, et les coûts associés à celle-ci, selon ses besoins. La rule of thumb estime que la création d’un Family Office dédié à une seule famille se justifie économiquement à partir de $500m d’encours, mais selon moi, l’évaluation des besoins et la clarification des objectifs priment sur les montants en jeu. En général, une famille se pose la question de monter sa propre structure pour gérer ses avoirs financiers lorsqu’elle estime que les conseillers externes ne sont plus qualifiés pour répondre à leurs objectifs en termes de performance et d’alignement d’intérêts, ou lorsque leurs besoins spécifiques requièrent une approche totalement personnalisée, auxquels les banques privées et autres gestionnaires de fortune indépendants ne peuvent pas répondre à 100%. 

Or, s’allouer les services exclusifs de professionnels de l´investissement a un coût fixe conséquent. Au-delà de la confiance devant régner et ne pouvant se décréter, il faut aussi prendre le temps d’interagir avec l´équipe en tant qu´actionnaire et de mettre en place les processus idoines de sélection et de reporting. Cela étant, de nos jours, il existe de nombreuses formules possibles avec notamment des structures proposant à quelques familles de partager les ressources et donc les coûts fixes tout en préservant leur indépendance quant aux choix des investissements. En plus de 10 ans de collaboration avec des familles autour de thèmes d´investissement PE, j’ai vu des modèles de toutes sortes et de toutes tailles, et le niveau de fortune n’influençait pas l’efficacité de la structure. En revanche, la clarté affichée des objectifs et des processus d’investissement ainsi que les convictions associées déterminent le succès en termes d´efficacité du Family Office.



Comment voyez-vous le secteur du PE évoluer au Luxembourg dans les prochains cinq ans ?

Positivement ! Déjà en général... le PE représente environ 5.000 miliards de dollars aujourd’hui, cela reste une fraction de la taille des marchés boursiers dont la capitalisation globale représente environ 100.000 milliards de dollars. Nous avons le vent en poupe, les entreprises cherchant à se financer de plus en plus en dehors de la bourse et du système bancaire traditionnel qui reste trop frileux ou contraignant. D’après Preqin, d’ici 2023 le PE, qui englobe les marchés de capitaux non cotés sans les Hedge Funds, dépassera les 10.000 milliards de dollars. Mais pour performer, le PE doit rester agile et adaptable comme il l’a démontré lors de la crise de 2007-2008. Car les contraintes règlementaires augmentent... Il faut aussi rester vigilants vis-à-vis d’une correction éventuelle du cycle macro-économique haussier depuis maintenant 2-3 ans, particulièrement si les taux d’intérêts venaient à augmenter. Cela pourrait avoir un impact négatif sur les Leveraged Buyouts (LBOs), le segment le plus large du PE. Le Luxembourg, représentant environ 10% du total des encours PE en termes de structures domiciliées ici, continue de voir sa visibilité augmenter comme hub international PE avec l’arrivée de fonds étrangers choisissant le Grand-Duché comme centre européen, mais aussi celle justement de familles internationales investissant de plus en plus en PE, qui apprécient l´écosystème complet, multilingue et pérenne du Luxembourg. Par ailleurs, la place de la Green Finance continue de croître au Luxembourg, augurant des perspectives favorables au moment où les critères ESG se généralisent comme best practice, comme cela a été débattu avec ferveur lors de notre conférence LPEA INSIGHTS du 19 mars 2019. Enfin, notre diversification vers la Fintech / Regtech ou encore le Space investing démontre la capacité du Grand-Duché à multiplier ses atouts pour convaincre des investisseurs ambitieux et soucieux d’avoir une stabilité sur le long terme.  

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