"La classe d'actifs infrastructure est une question de personnes, de technologie et de données travaillant en étroite collaboration", déclarent Toni Silva, CEO de Credit Suisse Fund Services, et Ilias Georgopoulos, CEO de MultiConcept Fund Management, la société de gestion pour compte de tiers du Crédit Suisse. Interview.
Toni Silva, Ilias Georgopoulos (Credit Suisse) : la percée de l'infrastructure
Comment abordez-vous la classe d'actifs infrastructure ?
Traditionnellement, notre société proposait cette classe d'actifs pour les fonds internes, mais nous étendons désormais notre guichet unique pour les infrastructures aux activités de gestion pour compte de tiers. L'environnement géopolitique et économique a créé les conditions favorables à l’essor des actifs infrastructure. Du côté des actions, comme de la dette. Le fort appétit pour les investissements ESG renforce cette tendance. Investir dans de nouvelles infrastructures durables d'eau et de communication, dans des hôpitaux et des infrastructures de soins de santé permet de générer de solides résultats "E" et "S". De son côté, la considération "G" devient de plus en plus importante. Pour toutes ces raisons, l'infrastructure restera une classe d'actifs importante dans l'espace des fonds alternatifs au cours des dix prochaines années.
« L’infrastructure restera une classe d'actifs de premier plan dans l'espace des fonds alternatifs au cours des dix prochaines années »
Comment vous adaptez-vous à cette classe d'actifs ?
L'infrastructure étant une classe d'actifs non cotée, les technologies traditionnelles utilisées pour évaluer les grands portefeuilles ne peuvent être exploitées. Il n'existe pas de base de données principale, de bourse organisée ou de cadre opérationnel automatisé. D'un autre côté, il existe des similitudes avec la classe d'actifs immobiliers où nous jouissons d'une expertise approfondie. Nous investissons également pour aligner le personnel et la technologie sur notre approche de guichet unique. Nos experts doivent atteindre une connaissance suffisante de chaque investissement pour identifier les risques. L'évaluation d'un aéroport, d'une marina ou d'un pipeline requiert des compétences très spécifiques. Nous avons plusieurs comités où les gestionnaires de risques, de conformité et de portefeuille discutent de chaque projet pour les classes d'actifs RE/PE et nous avons l'intention de mettre en place le même contrôle de gouvernance pour les actifs d'infrastructure. Sur le plan technologique, nous suivons notre feuille de route d'investissement technologique prévue jusqu'en 2025. L'un de ses principaux aspects est l'amélioration de notre plateforme PE/RE, d’un point de vue de l'exploitation et du reporting. Par exemple, nous mettons à niveau notre portail pour fournir un accès direct aux données de Mancos tiers. Nous travaillons également avec des sociétés spécialisées en données sectorielles pour avoir une vue d'ensemble de chaque type d'investissement. Il s'agit d'une collaboration étroite entre les personnes, la technologie et les données.
Où voyez-vous les fonds d'infrastructure dans cinq ou dix ans ?
Plus de 1 000 milliards d'euros seront investis dans l'ensemble de l'OCDE au cours des prochaines années dans les domaines de l'énergie, des transports et des communications, sans compter la reconstruction de l'Ukraine. Un nombre croissant de projets se matérialiseront par le biais de fonds d'investissement luxembourgeois. Cela confirmera également l'évolution actuelle du modèle de financement avec un glissement des États et des banques vers les fonds d'investissement. Les particuliers très fortunés et les fonds de pension ont déjà un grand appétit pour ce type d'investissements, et les barrières à l'entrée devraient s'abaisser pour permettre à d'autres types d'investisseurs d'accéder à cette classe d'actifs. Cela est comparable à l'évolution récente du capital-investissement, où les particuliers peuvent aujourd'hui investir de plus petits montants. La grande différence entre investissement en infrastructures et Private Equity, c’est une performance régulière recherchée, avec des revenus annuels, au lieu d’une maximisation des profits en une seule fois. La classe d'actifs infrastructure constitue un excellent outil de diversification d'un portefeuille d'actifs privés.